Limiter les risques psychosociaux : comprendre les facteurs et reconnaître les signaux faibles
Le travail peut être un moteur d’épanouissement, de sens et d’intégration sociale. Mais il peut aussi devenir un terrain de fragilisation lorsqu’il ne laisse plus de place au repos, à la reconnaissance ou à l’autonomie. Les données montrant une surcharge ressentie par près de la moitié des travailleurs interrogés illustrent clairement cette dérive. Une charge excessive, répétée dans le temps, entraîne l’épuisement progressif de l’individu, tant sur le plan cognitif qu’émotionnel.
Parmi les facteurs de risque, certains apparaissent de manière récurrente : organisations tendues, injonctions paradoxales, absence de reconnaissance, climat conflictuel, instabilité des postes, faibles marges de manœuvre… S’y ajoutent des risques plus insidieux : perte de sens, isolement numérique, flou des priorités, effacement des frontières entre vie professionnelle et vie personnelle. Le stress chronique devient alors un terreau fertile à l’apparition de troubles anxieux, d’épuisement professionnel ou de désengagement durable.
Reconnaître ces mécanismes permet d’agir plus tôt, en identifiant les signaux faibles : irritabilité, perte de motivation, troubles du sommeil, erreurs récurrentes, repli social. Plus la prévention est précoce, plus elle est efficace.
Le rôle du service de prévention et de santé au travail (SPSTI)
Le Service de Prévention et de Santé au Travail ne se limite pas à accompagner un salarié en difficulté : il est surtout un acteur stratégique de prévention primaire, c’est-à-dire avant l’apparition des troubles. Son rôle consiste à conseiller l’employeur afin de réduire les risques psychosociaux, en agissant directement sur l’organisation, les pratiques managériales, les conditions de travail et le climat collectif.
Voici les leviers d’action concrets permettant d’éviter l’installation d’un mal-être psychique :
- Identifier les risques
- analyse des postes et des organisations de travail
- visites de locaux, observations de terrain
- enquêtes internes, questionnaires, indicateurs QVCT
- participation au DUERP (évaluation des risques obligatoires)
- repérage des facteurs organisationnels à risque : pressions, conflits, surcharge, manque d’autonomie
- Conseiller l’employeur sur des aménagements possibles (organisation, poste, etc.)
- Etc.
Lorsque la prévention primaire n’a pas suffi et que la santé mentale du salarié est déjà altérée, le médecin du travail intervient pour sécuriser le maintien ou le retour à l’emploi. Il n’assure pas le traitement des troubles psychiques — confié au médecin traitant ou au psychiatre — mais évalue la situation, propose des aménagements et oriente si nécessaire. La reprise peut se faire au même poste, sur un autre poste ou avec des dispositifs adaptés (temps partiel thérapeutique, essai encadré). Ce travail est mené en lien avec l’entreprise et peut, dans certains cas, s’accompagner d’une reconnaissance en maladie professionnelle.***
Sources :
* Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, déc. 2025
**Baromètre Ipsos-BVA / Empreinte Humaine, nov. 2025
*** Le Vidal